Notre histoire

Des vieux trams à la retraite

Au début des années 70, après la récupération de quelques véhicules par des musées et chemins de fer touristiques, les derniers représentants du vieux matériel roulant genevois risquent de disparaître définitivement du réseau. Cette perspective conduit quelques amis des tramways à organiser, le dimanche 19 mars 1972, une course « Adieu aux vieux trams ». L’affluence dépassant les 250 personnes conduit à la mise en route de deux convois (Be 4/4 67 + Bi 361 et Be 4/4 69 + Bi 363).

Adieu aux vieux trams du 19 mars 1972, place de la gare de Chêne-Bourg {JPEG}

Durant l’été 1972, la CGTE procède à des essais en ligne avec une motrice articulée neuve (Be 4/6 108) mise à disposition par le Chemin de fer de la Vallée de la Birseck (BEB).

Ces deux événements produisent un déclic : pourquoi ne pas conserver un témoin du passé à côté d’un parc de tramways entièrement modernisés ? Même s’il n’est pas un représentant de la première génération, le vieux matériel de la CGTE est très typique : les motrices reconstruites par les ateliers CGTE de la Jonction dans les années trente, équipées de freins « Charmilles » et de controllers « Sécheron », ne peuvent cacher leur origine genevoise !

Fondation de l’AGMT

L’AGMT est fondée le 20 janvier 1973 par huit amateurs de tramways provenant de divers milieux estudiantins et professionnels, et engage immédiatement des pourparlers avec la CGTE pour garantir la préservation d’un convoi. La date de la révision est prépondérante pour le choix de la motrice 67 et de la remorque 363. Le 30 septembre 1973, l’AGMT organise sa première circulation publique.

En 1974, la CGTE peut acquérir d’occasion cinq motrices articulées Düwag auprès du réseau d’Aachen en Allemagne, et informe l’AGMT que le stationnement de son convoi au dépôt de la Jonction est remis en cause. La composition 67 + 363 circule tout de même deux fois pour le public, les 26 mai et 17 novembre 1974, puis l’AGMT organise au mois d’août son premier voyage, au programme duquel figurent la visite des nouveaux ateliers centraux des tramways de Zürich et une balade à bord d’un convoi historique préservé par une association-sœur, le Tram-Museum-Zürich.

L’année 1975 voit le début d’une période difficile qui conduit le Comité de l’AGMT à intervenir auprès du Conseil d’Etat pour obtenir le maintien de son convoi-musée sur le réseau de la CGTE. Faute d’autre solution, il est désormais garé au terminus de Moillesulaz pour une période de plein air qui durera treize ans ! Une volonté inébranlable du Comité et de quelques membres actifs permet les premiers travaux de restauration à ciel ouvert. Cette situation délicate n’empêche pas l’AGMT de proposer à ses membres une visite à caractère technique aux tramways de Bern (SVB) et aux Chemins de fer réunis de Worb (VBW).

L’année suivante, alors que la CGTE peine à mettre en circulation ses motrices Düwag, l’AGMT fait circuler une composition entièrement repeinte avec une cible de ligne prémonitoire : la 13 !

Travaux sur la motrice 67 en plein air à Moillesulaz – 10 mai 1975 {JPEG}

De la CGTE aux TPG

1977 voit la disparition de la CGTE, remplacée par la nouvelle régie cantonale de droit public TPG (Transports Publics Genevois). L’AGMT décide d’immobiliser sa remorque 363 pour une révision approfondie.

Ces efforts portent leurs fruits l’année suivante déjà puisqu’une convention réglant le principe des circulations est signée entre l’AGMT et les TPG ! Ces derniers se transforment parfois en demandeur de « vieux-tram » lors de manifestations comme les « Portes ouvertes » à la Jonction en automne 1978. La motrice 67 effectue à cette occasion des navettes gratuites entre les Augustins et la Jonction avec cible de ligne no 17. Les TPG sont fiers de présenter à cette occasion la motrice 67 à côté de la Be 4/6 202 des Transports de Bâle-Campagne (BLT) en essais à Genève.

L’année 1979 débute au plus mal avec le débordement de la rivière Foron à Moillesulaz. Ce bain impromptu pour les véhicules de l’AGMT conduit au remplacement de trois moteurs de traction et du compresseur de la motrice 67, travaux qui vont durer jusqu’en 1981.

Inondations à Moillesulaz – 28 janvier 1979 {JPEG}

Après des essais effectués dès 1984 avec un prototype de motrice articulée Be 4/6 741 (actuellement 801), les TPG commandent 45 motrices à plancher bas qui seront livrées par VeVeY, Düwag et Brown-Boveri de 1987 à 1989. Pour garer ce nouveau matériel ferroviaire, on construit un nouveau dépôt sur le site du Bachet-de-Pesay. Les plans de ce dépôt dévoilent une voie désignée « tramway-musée »... C’est ainsi que le 15 septembre 1988, le convoi 67 + 363 fait sa première entrée dans le dépôt du Bachet.

Second convoi

La mise en service des nouvelles rames circulant en double traction conduit au déclassement progressif du matériel normalisé. Un matériel typiquement suisse qui a été durant de nombreuses années le seul modèle en service à Genève. Pour cette raison, l’AGMT obtient dès le début de 1989 l’accord des TPG pour la préservation d’un convoi normalisé. Une étude approfondie de l’état des tramways restant pousse le choix sur la Be 4/4 729 et la B 308. Ces deux véhicules sont alors rafraîchis et remis dans leur livrée verte et ivoire d’origine pour débuter leur carrière de véhicule-musée. La mise en circulation de ce convoi permet aux membres actifs de réviser complètement la composition 67 + 363 entre 1989 et 1997.

Motrice 729 et remorque 308 à la place du Marché à Carouge – 8 septembre 1991 {JPEG}

Jamais deux sans trois...

La qualité des travaux de restauration effectués sur ses véhicules par l’AGMT attire l’attention du Chemin de fer-musée Blonay - Chamby préoccupé alors par le manque de surface d’entreposage. En avril 1997, et après concertation avec l’AGMT, l’assemblée générale du BC accepte à l’unanimité la location à l’AGMT de sa motrice Be 2/2 125 pour une durée minimale de 10 ans. Avec la bénédiction de la direction des TPG, la 125 regagne Genève par la route le 21 novembre 1997. Elle sera immédiatement prise en main par l’équipe des travaux de l’AGMT qui met en route un imposant programme de restauration qui s’achèvera en octobre 2000. Depuis lors, elle circule seule ou en compagnie de ses collègues, pour la joie de ceux qui l’ont connue sur les lignes 1 ou 5 !

Motrice 125 à la place de Neuve – 28 octobre 2000 {JPEG}

Et le parc historique continue d’évoluer…

En marge des véhicules historiques aptes à circuler sur le réseau genevois, l’AGMT saisit l’occasion de préserver en décembre 2000, un wagon couvert à petit gabarit du BVB (Bex - Villars - Bretaye), le K 204, afin de le transformer en temps utile en wagon pour le transport du lait, tel que la CGTE en exploitait sur ses lignes de campagne pour acheminer le précieux liquide vers les Laiteries Réunies aux Acacias. Ce véhicule est actuellement garé hors service au dépôt du Bachet, en attente de transformation.

Dix ans plus tard, une opportunité se présente : l’AMITRAM de Lille souhaite se séparer de la motrice Be 4/4 66 qu’elle avait recueillie plus de trente ans auparavant auprès du Chemin de fer de la Baie de Somme. Cette motrice retrouve le rail genevois le 20 mai 2010. L’idée est d’en faire un véhicule de réserve pour notre motrice 67 et d’y réaliser un aménagement intérieur plus conforme aux besoins d’un service de « catering », tout en préservant l’enveloppe historique extérieure. Ce véhicule se trouve actuellement dans une longue phase de restauration au dépôt du Bachet.

Arrivée au Bachet de la motrice 66 – 20 mai 2010 {JPEG}

Profitant de démarches avec l’AMTUIR de Paris, dans le cadre des préparatifs du 150ème anniversaire du Tram à Genève et visant à ramener provisoirement à Genève la motrice Ce 2/4 80, l’AGMT se voit proposer un prêt à long terme de ce véhicule. C’est ainsi que cette motrice remise en son état de 1901 retrouve le rail genevois le 11 mai 2012. Elle est actuellement garée en état de présentation, mais pas de marche au dépôt du Bachet.

Motrice 80 à la rue de Carouge – 17 juin 2012 {JPEG}

Cette même AMTUIR devant réduire l’ampleur de sa collection de véhicules « hors-France » propose de nous céder son convoi CGTE 63 + 369. Les travaux de restauration sur la motrice 66 étant déjà fort avancé, et ne pouvant garer ces véhicules supplémentaires, l’AGMT propose à l’AMTUIR de reprendre la remorque 369 pour la préserver provisoirement hors-rail, ce qui se concrétise le 11 avril 2013 sur un terrain industriel privé de la banlieue genevoise, en attendant quelques mètres de voies supplémentaires avec la construction du nouveau dépôt d’En Chardon. La motrice 63 quant à elle, arrivée au dépôt du Bachet le 6 mars 2013, est immédiatement déconstruite, avec l’accord du cédant, en faveur des motrices 66 et 67, et évacuée par un démolisseur de la place le 24 mars 2013.